Les bijoux en ivoire sont souvent des objets anciens, transmis de génération en génération ou rapportés de voyages lointains. Longtemps prisés pour leur beauté, leur couleur crème naturelle et leur noblesse, ils sont aujourd’hui au cœur de nombreuses interrogations éthiques, juridiques et environnementales. L’ivoire, provenant principalement des défenses d’éléphants, est aujourd’hui interdit à la vente dans de nombreux pays en raison de la menace que représente son commerce pour la survie de ces espèces protégées.
Alors, que faire de ces bijoux en ivoire que l’on possède déjà ? Doit-on les garder, les transmettre, les transformer, ou s’en séparer ? Voici un guide clair et responsable.
Comprendre la législation autour de l’ivoire
La commercialisation de l’ivoire est encadrée au niveau international par la Convention de Washington (CITES), qui protège les espèces menacées. En France et dans l’Union européenne, les lois sont très strictes :
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Depuis 2016, la vente d’ivoire brut est interdite.
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Depuis 2017, la vente de certains objets en ivoire travaillé est également interdite, même pour les antiquités.
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En 2022, la France a renforcé ses restrictions : la vente est interdite sauf dérogation pour des objets prouvés antérieurs à 1947, avec des documents justificatifs (certificat CITES ou expertises précises).
Ces restrictions s’appliquent aussi aux dons, aux exportations et à certaines formes de restauration.
Puis-je vendre un bijou en ivoire ?
Dans la plupart des cas, la réponse est non, sauf si vous disposez :
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D’un certificat prouvant que le bijou date d’avant 1947.
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D’une expertise professionnelle indiquant l’origine, la datation, et le pourcentage exact d’ivoire dans l’objet.
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D’une autorisation préfectorale ou d’un document délivré par les services de la faune et flore.
Sans cela, vendre de l’ivoire – même en petite quantité – vous expose à des sanctions pénales (jusqu’à 3 ans de prison et 150 000 € d’amende en France).
Peut-on donner ou transmettre un bijou en ivoire ?
Oui, à condition que cela se fasse dans un cadre privé et non commercial. Offrir un bijou à un proche ou le transmettre à un héritier n’est pas interdit, mais il est conseillé de :
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Noter par écrit son origine ou sa provenance si elle est connue.
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Informer le destinataire des restrictions liées à la détention et à l’usage de l’ivoire.
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Ne pas tenter de le revendre plus tard sans les documents requis.
Est-il possible de transformer ou restaurer un bijou en ivoire ?
La transformation d’un bijou en ivoire est tolérée uniquement si cela ne modifie pas la quantité d’ivoire présente, ou si la pièce date clairement d’avant 1947. Dans tous les cas :
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Le recours à un artisan bijoutier spécialisé est fortement recommandé.
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Toute intervention doit être documentée, notamment pour éviter de perdre la trace de la datation initiale.
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Certains professionnels refusent désormais de travailler l’ivoire, même pour des restaurations.
Si la restauration implique le remplacement de parties abîmées, il est préférable d’utiliser des matériaux de substitution éthiques (résine, os, ivoire végétal) pour éviter toute problématique future.
Garder, exposer ou archiver : des alternatives respectueuses
Si vous ne pouvez ni vendre ni transformer le bijou, plusieurs options s’offrent à vous :
1. Le conserver en tant qu’objet de famille
L’ivoire peut avoir une valeur sentimentale. Si vous souhaitez le garder, stockez-le dans un endroit sec, à l’abri de la lumière, car il est sensible aux variations de température et peut jaunir ou se fissurer.
2. Le faire expertiser pour documentation
Même sans vendre, une expertise par un professionnel reconnu permet d’archiver l’objet, d’évaluer son intérêt historique ou artistique, et d’éviter toute confusion future.
3. L’offrir à un musée ou une institution
Certains musées d’ethnologie, de beaux-arts ou d’histoire acceptent des dons d’objets anciens en ivoire, à condition qu’ils aient une valeur patrimoniale, et que leur provenance soit claire.
Peut-on recycler ou réutiliser l’ivoire ancien ?
La réutilisation d’ivoire est très controversée. Même dans une démarche artistique ou mémorielle, elle est encadrée par la loi. De nombreux créateurs préfèrent aujourd’hui utiliser des matériaux alternatifs écoresponsables, comme :
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L’ivoire végétal (tagua) : graine naturelle très semblable à l’ivoire.
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La résine ou l’acétate : imitation visuelle sans impact animal.
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Le bois clair ou le corian : utilisé dans la bijouterie éthique contemporaine.
Ces matériaux permettent de préserver l’esthétique tout en respectant les valeurs de protection animale et écologique.
